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C’est son avis « Mettre l’humain au centre des signes de qualité »

Lors du dernier festival des appellations d’origine protégées, Jean-Louis Piton, président de l’Inao (1) a annoncé une meilleure prise en compte du facteur humain dans les commissions d’enquête. Il rappelle toute l’importance du temps de maturation dans les projets d’AOP.

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Un facteur clé

« Lorsqu’on compare les points clés de succès ou d’échec dans les démarches de certification sous signes officiels de qualité, on remarque qu’il y a des facteurs communs clairement identifiables. Et tous sont des facteurs humains ! Les initiateurs de ces démarches doivent d’abord s’entendre et partager des objectifs et des visions communes. C’est une des conditions pour pouvoir espérer qu’un jour, le consommateur comprenne ou qu’il continue de comprendre la démarche de qualité. Parfois, les acteurs de certaines filières candidates à la certification n’ont pas compris les promesses faites par les produits et ce à quoi ils s’engageaient. C’est un vrai sujet que je mets aujourd’hui sur la table.

Observer et vérifier

L’Inao doit ainsi se doter de moyens pour regarder, observer, donner des avis et vérifier que l’ambition collective fonctionne. Des décisions seront prises en ce sens. Sous le mandat précédent a été créée une « commission nationale économique » transverse. Aujourd’hui, je souhaite que cette dernière monte en puissance et qu’elle soit chargée d’effectuer des missions d’évaluation des facteurs humains dans les dossiers. Dans le travail effectué à l’Inao, ces aspects représentent ce qu’il y a de plus difficile à analyser, mais c’est aussi ce qu’il y a de plus passionnant.

Prendre le temps

Certaines démarches passent des dizaines d’années par les commissions d’enquête, sans jamais aboutir. Si les acteurs savent où ils veulent aller et qu’ils partagent la même ambition, alors, en général, cela va plus vite. Mais il y a toujours un temps de maturation nécessaire. Dans un processus de certification AOP, il faut passer par différentes étapes. Une grande partie des missions de l’Inao est d’accompagner la maturation des projets.

Créer de la valeur avant

Face à l’urgence de créer du revenu dans les exploitations, les collectifs veulent souvent aller vite. Cette position est compréhensible, mais elle n’est pas tenable, car ce n’est pas la certification qui crée la valeur. La labellisation, c’est ce qui vient en dernier, après avoir constaté que la valeur se trouve dans le produit par ses qualités, mais aussi et surtout par son prix de vente, qui montre l’approbation du consommateur. L’Inao n’a aucun pouvoir de décider de la répartition du revenu au sein des filières. Il n’empêche que nous vérifions systématiquement qu’une AOP qui fonctionne bien crée de la valeur et la redistribue.

Répondre aux attentes sociétales

Aujourd’hui, aux yeux des consommateurs, la valeur d’un produit AOP est aussi jugée par de nouveaux critères, dont nous nous devons de tenir compte. Le consommateur ne comprendrait pas que nous ne soyons pas exemplaires en matière d’environnement ou de bien-être animal. Nous devons être avant-gardistes sur ces sujets-là. En la matière, nous avons plusieurs choix qui s’offrent à nous. Le seul choix que nous n’avons pas, c’est celui de ne rien faire.

Propos recueillis par Alexis Dufumier

(1) Institut national de l’origine et de la qualité.

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